Les six Concertos brandebourgeois l’accompagnaient partout depuis 1982, du temps de la création de Violin Phase avec Steve Reich, dans le studio à New York. Avec la violoniste Amandine Beyer à la direction des vingt-trois musiciens du B’Rock Orchestra et les seize danseurs de trois générations différentes de sa compagnie Rosas, Anne Teresa De Keersmaeker fait enfin danser « l’absolu génie de Bach. »
La chorégraphe n’a jamais dirigé autant d’interprètes. Il fallait ce nombre pour s’accorder à la complexité de l’écriture polyphonique de Bach. Chacun différemment, chacun selon son expression propre, les danseurs marchent, vont, viennent. « My walking is my dancing. » Une promenade comme une marée qui couvre et quitte la scène, suivant la ligne basse de la musique de ce premier concerto comme une présentation du matériau qui va suivre. Une invitation à suivre les géométries de la musique quand elles rencontrent les mouvements des danseurs, des lignes droites avant de déployer les cercles et spirales d’une ascension qui les aspire. Une polyphonie des corps s’orchestre qui emprunte au classique, au baroque et au vocabulaire propre de la chorégraphe des tourbillons d’où se détachent et s’élèvent des soli. Temps suspendus. « J’associe les Concertos brandebourgeois à la vitalité et à la force. Dans certains mouvements vifs, caractérisés par une inlassable répétition de petites cellules rythmiques, on croirait que la musique pré-existait à l’attaque de la première note et qu’elle se poursuivra éternellement après la dernière : un petit morceau d’éternité délivré dans le monde de l’audible. »
bio
Formée à l’école Mudra de Bruxelles, puis à la Tisch School of the Arts de New York, Anne Teresa De Keersmaeker crée Asch, sa première chorégraphie en 1980. Deux ans plus tard, elle marque les esprits avec Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich. En 1983 Rosas dans Rosas marque les débuts de sa compagnie Rosas. La proximité à la musique, aux mathématiques, à la nature et aux phénomènes sociaux particularise ses créations.