Depuis 2014, elle développe une recherche sur la notion de pratique, examinant ce qu’un ensemble de croyances et de gestes partagés peut produire sur un groupe social : ainsi de son étude sur les corps sacrifiés dans Touch Down, pièce consacrée aux gestes et à l’image lisse, parfaite, athlétique, des majorettes. Cette recherche globale s’intitule Histoires de lignes, sorte d’enquête sur ce que pourraient être les pathologies du monde contemporain, et le prochain volet se construit autour du titre : Lignes de conduite. Ce sont ici des rituels de transe et de libération des esprits qui retiennent Maud Blandel. Plus spécifiquement, le tarentisme : rite de guérison très populaire du sud de l’Italie, croisant élans magiques, catharsis musicale et pratiques chrétiennes. « Cette danse ne témoigne pas seulement des dispositifs conjuratoires mis en place par une société, mais il rend également compte de tout un pan de l’évolution des rapports de force culturels», explique la chorégraphe. D’une origine tellurique à une expression profondément sacrée, le tarentisme s’est vu peu à peu récupérer par une industrie touristique de la fête. C’est cette désacralisation, au profit du divertissement, qui est examiné par quatre danseuses engagées sur une partition pour cloches du compositeur électronique Charlemagne Palestine. Que peut produire cette profanation par le folklore touristique ? Qui sont les nouveaux possédés ? Que cherchent-ils dans ce langage, dans ces extases ? Quelle connection cherchent-ils et avec quoi ? Telles sont les questions que pose Lignes de conduite, sur cette possibilité d’être, pour un temps compté, littéralement hors de soi.